Son histoire.
Le sanctuaire actuel, bâti sur un petit tertre, occupe sans doute l’emplacement d’un édifice voué au culte dès le IXe siècle. Ce dernier fut remplacé, jusqu’à la fin du XVe siècle, par une église romane. La tour actuelle, ainsi que les murs supérieurs de la nef, à la façade méridionale, sont des vestiges de ce vieux monument. Une clef de voûte armoriée (située dans la première travée du bas-côté sud) permet de dater l’époque à laquelle ces murailles furent intégrées dans une reconstruction (Jean de Hormes, Prince-évêque de Liège, de 1484 à 1505). Des remaniements intérieurs du transept furent encore effectués au XVIIIe siècle. Le bâtiment s’étant dégradé, au fil des temps, il fut question, vers 1920, de le démolir pour le remplacer par une église moderne. Ce projet souleva l’indignation de certains habitants de l’endroit, notamment de Jules Destrée, écrivain, échevin de Marcinelle et ancien Ministre des Sciences et des Arts. Son intervention sauva l’église qu’on restaura en 1923 sous la direction de l’architecte tournaisien Alphonse Dufour et du curé Albert Harmignies.
Son architecture.
La tour, haute de 19 mètres, est romane, bien qu’on ne sache pas la dater avec certitude. C’est sans conteste la partie la plus ancienne du bâtiment. Un dégagement et un baptistère faisant saillie la flanquent au nord, tandis qu’une annexe convertie en passage d’entrée la borde au sud. Ces ajouts, accolés à la tour, datent du début du XVIIIe siècle (1717) ainsi que l’atteste un chronogramme repéré. Le premier étage de la tour sert actuellement de jubé. À hauteur des cloches, se remarquent dans chaque face, deux ouvertures (côté oriental, elles ont disparu, par suite de l’exhaussement de la toiture à l’époque gothique). Jusqu’au début du XIXe siècle, cette tour n’avait pas de porte. La flèche, peu élancée (11 mètres) présentait des lucarnes avant la restauration de 1923. Nef et bas-côtés (dont les travées sont couronnées extérieurement de pignons) possèdent trois travées égales. Cette nef et ces bas-côtés sont restés en leur aspect primitif (fin du 15e siècle, début du 16e) avec leurs voûtains en briques rouges sur nervures en pierre-bleue. Ces nervures s’appuient sur des piliers cylindriques formés alternativement de tambours entiers et de demi-tambours, en pierre-bleue également. La restauration de 1923 a malheureusement dû simplifier le jeu des moulurations de ces piliers, trouvés mal en point sous le plâtrage. Le profil des bases et des chapiteaux a cependant été noté par un restaurateur, ce qui a permis de classer ce sanctuaire dans le groupe des « églises hennuyères » (de la fin du XVe et du XVIe siècles). Leur matériau provient des carrières d’Écaussinnes.
Le transept, non saillant, a subi des remaniements, surtout au XVIIIe siècle où les voûtes gothiques firent place à des voûtes dominicales. On crut bon de placer des piliers carrés à la croisée et de rénover les arcs brisés et arcs en plein cintre. Les fenêtres du transept s’ornent d’un « quatrefeuiles ». Le chœur empiète sur la croisée du transept. Il s’achève par une partie d’espace octogonal (l’abside étant close par trois faces égales de ce polygone). De même que la façade méridionale, le chœur possède un revêtement en pierres bleues, la façade nord, moins exposées aux intempéries, étant construite en moëllons. La façade nord ainsi construite en grès houillers s’harmonise au mieux avec la tour romane. À l’angle sud du transept, un contrefort a été ajouté, sans doute lors de la réfection du XVIIIe siècle.
Le mobilier.
Les fonts baptismaux doivent être contemporains de la reconstruction gothique (fin du XVe, début du XVIe siècle). Le jeu de leurs moulures est remarquable. Le couvercle en cuivre battu date du XVIIe siècle (1605). Un buste reliquaire de St Martin, en chêne, date de la fin du XVIIe siècle. À l’intérieur de cet édifice, on verra aussi le Christ en Croix fleurdelisée provenant de l’ancienne travée, un Christ en Croix du XVIIe siècle, les bras en V, les vieux crucifix du maître-autel et du transept droit du XIXe siècle, et une statuette en bois, datant du XVIe siècle. Vénérée sous le vocable de Notre-Dame de Grâces, elle est la réplique de la statue de Foy-Notre-Dame. Dans la chapelle du sépulcre, est à voir aussi un Christ couché, du XVIIe siècle. À l’extérieur, il faut noter, dans le mur de la façade méridionale (entre la première et la seconde travée du bas-côté), un fragment de la cuve baptismale de l’église romane.
La cuve d’autel est en marbre de Villers-le Gambon. Le ciborium est supporté par des colonnes de marbre de l’ancien autel de style baroque. Marcel Wolfers (1886-1976) est l’auteur du remarquable chemin de croix en grès grand feu laqué (1925 à 31), Alphonse Darville crée en 1935 la statue en pierre de Saint Antoine de Padoue et Oscar De Clercq, celle de saint Joseph en ciment coulé (1926).
Les peintures.
À la voûte de la croisée du transept, le peintre tournaisien Victor Falcon évoque les épisodes de la vie de saint Martin (1923). Dans le chœur, Eudore Misonne (1891-1969) peint en 1929 trois épisodes de la procession de 1923 en l’honneur du couronnement de N.-D. de Grâces. De Blocq, d’Anvers, en 1801, rappelle le miracle de N.-D. de Grâces survenu le 2 février 1737 : le baptême d’un bébé mort-né et ressuscité. Un auteur inconnu laisse un très vieux tableau représentant le curé Walhère assassiné dans la barque qui le passe de l’autre côté de la Meuse en 1199. On le « réclame » pour les maux de tête et les maladies de bestiaux. Une copie de « la Madone de l’amour divin » attribué à G. Romano, de l’école de Raphaël, début du XVIIe s. se trouve au fond de l’église. L’original est à la galerie nationale de Naples. Sur le mur droit de l’autel du St-Sacrement, une Adoration des bergers, d’un auteur inconnu (début du XVIIe s.).